Les Européens ne sont pas parvenus à s’accorder sur le déblocage d’un nouvel appui financier à l’armée rwandaise pour son intervention à Cabo Delgado. Bruxelles s’achemine dans le même temps vers de nouvelles sanctions contre le régime de Kigali pour son soutien à la rébellion du M23.
Plusieurs dossiers relatifs au Rwanda étaient à l’ordre du jour lors de la dernière réunion, ce 3 juillet, du groupe de travail sur l’Afrique (COAFR), une instance relevant du Conseil européen. Ses membres ont notamment planché sur la demande introduite par Kigali pour que l’Union européenne (UE) poursuive le financement de l’effort de guerre rwandais dans la province mozambicaine de Cabo Delgado.
Cette requête vise à débloquer une deuxième enveloppe de 20 millions d’euros, via la Facilité européenne pour la paix (FEP), au profit de la Rwanda Defence Force (RDF) dont les unités sont déployées depuis juillet 2021 pour combattre l’insurrection jihadiste dans le nord du Mozambique.
Ardemment soutenu par le Portugal et la France, ce nouvel appui budgétaire – une première enveloppe de 20 millions d’euros avait été décaissée en 2023 (AI du 27/02/23) – est diversement apprécié parmi les États membres. Certains pays, comme les Pays-Bas, l’Allemagne ou encore la Suède, ont fait part de leurs franches réticences à accorder cette aide sans qu’elle soit accompagnée de contreparties.
Unanimité requise
Leurs diplomates ont notamment rappelé le rôle du régime rwandais de Paul Kagame dans la rébellion du M23 à l’œuvre dans l’est de la RDC. Le soutien de Kigali a de nouveau été mis en lumière dans le dernier rapport du groupe d’experts des Nations unies (AI du 19/06/24), qui documente la présence massive d’éléments de la RDF aux côtés des rebelles.
D’habitude plus conciliante à l’égard du Rwanda, l’UE semble désormais prendre acte de l’impossibilité de disjoindre le dossier de l’Est congolais de celui de Cabo Delgado. Le COAFR, dont l’unanimité est requise pour débloquer l’aide de 20 millions d’euros, a ainsi préféré reporter sine die son examen qui pourrait intervenir après l’été.
Ses membres se sont également accordés sur la nécessité d’élargir les sanctions de l’UE contre des responsables rwandais pour leur implication dans la guerre déclenchée par le M23. Jusqu’à présent, seul un officier de la RDF, le capitaine Jean-Pierre Niragire, dit Gasasira, figure sur la liste des personnes visées par les sanctions – il y avait été inscrit en juillet 2023. Il reste toutefois aux Européens à définir les noms susceptibles d’y être ajoutés.
article tiré du site africaintelligent