L’affaire « Tentative d’évasion à Makala » n’a toujours pas été élucidée, ni le bilan définitif dressé par les autorités congolaises en dépit de la mise en place par le ministère de l’Intérieur, d’une commission mixte en vue « d’établir les faits ».
Officiellement, le gouvernement congolais avait affirmé que 129 personnes avaient trouvé la mort et 59 autres en étaient sorties blessées suite notamment à l’étouffement et aux bousculades. Des femmes, dont le nombre n’est toujours pas encore précisé par Kinshasa, avaient également été violées, mentionnait le gouvernement.
Depuis, plus rien. A l’instar d’autres dossiers, l’affaire est désormais du passé. Plus personne n’y prête attention.
Cependant, dans un rapport interne du Fonds des Nations-Unies pour la population chargée de l’amélioration de la santé reproductive et maternelles, qui date du 9 septembre, l’ONU établit que lors de la tentative d’évasion, 268 prisonnières sur les 348 qui sont à Makala, avaient été violées, soit une représentation de 80% d’entre elles.
Malheureusement, certaines d’entre elles n’avaient bénéficié de traitement adéquat ni d’accompagnement psychologique immédiat jusque même à plus d’une semaine après. Ce qui fait redouter des maladies contagieuses et sexuellement transmissibles.
« 17 des survivantes de ces violences sexuelles avaient moins de 19 ans. Une détenue a affirmé qu’elle avait vu des femmes en train d’être violées et qu’aucune d’entre elles n’avait reçu des soins appropriés. Bien que le nombre de survivantes aient reçu, dans les 72h suivant les attaques, les soins de prise en charge couramment fournis après un viol, telles qu’une contraception d’urgence et la prophylaxie post-exposigion au VIH, elles n’avaient reçu de soutien psychologique adéquat qu’à partir du 11 septembre », rapporte Human Right Watch qui cite le rapport interne de l’ONU.
Construit pour 1500 détenus, Makala regorge jusqu’à plus de 15 mille prisonniers. Le nouveau ministre de la justice travaille sur le désengorgement de ce lieu carcéral.
Dans ce cadre, 1685 autres détenus, majoritairement des malades, ont bénéficié d’une libération conditionnelle le dimanche 22 septembre dernier.
Jean Ngaviro
