La Première Ministre Judith Suminwa a fait le plaidoyer pour une compensation financière équitable du crédit carbone en faveur des pays riches en massifs forestiers, comme la République démocratique du Congo.
C’était lors de son intervention dans un panel axé sur le thème : « Sommet de l’avenir – et après ? », à la Conférence sur le développement durable de Hambourg (HSC), en Allemagne, le lundi 07 octobre 2024.
Droite dans ses bottes, la Première Ministre Judith Suminwa a rappellé à son auditoire que la RDC ne « préserve pas la nature par gentillesse », de surcroît , elle doit être rétribuée à juste titre pour son grand rôle dans le maintien de l’équilibre de l’écosystème mondial et la réduction de la déforestation.
« Nous sommes arrivés à un stade où l’on se rend compte que tout ce que nous pouvons faire nécessite un partenariat gagnant-gagnant. Si ça ne va pas dans ce sens, on n’y arrivera jamais. La RDC, pays solution, avec son bassin et l’Amazonie sont des poumons qui préservent le monde, l’avenir de nos enfants et de la jeunesse. Nous devons dans ce cadre être rétribués…Il nous faut une discussion franche sur le prix du carbone. Nous devons effectivement accéder à ce financement de manière correcte et je pense que ça serait un bon début », a dit Judith Suminwa.
Plaidoyer pour le respect du prix du crédit carbone
Dans son intervention, la Cheffe du Gouvernement de la RDC a enfoncé le clou sur le respect du prix de crédit carbone. Judith Suminwa se bat pour inverser la tendance dans ce secteur.
« Nous sommes en capacité de négocier le prix du crédit carbone. Dans la province du Maï-Ndombe, nous avons pu obtenir des financements dans le cadre du crédit carbone. Cela a permis d’appuyer les communautés en termes d’infrastructures et d’accès à l’énergie. Donc, il est important que, dans cette discussion, les pays à fort potentiel forestier puissent porter leurs voix pour obtenir un prix équitable de crédit carbone. Tout est orienté autour de cette problématique. Qui fixe le prix? Alors que ceux qui l’offrent ne sont pas capacités de fixer le prix. C’est ce qui doit être discuté », a-t-elle déclaré.
La RDC en première ligne de la bataille des finances carbones
Judith Suminwa a martelé sans relâche le combat que mène la RDC aux côtés du Brésil et de l’Indonésie pour bénéficier de leur potentiel forestier.
« La RDC a fait une alliance avec le Brésil et l’Indonésie pour peser et mettre en avant leur potentiel forestier. Tous les pays à fort potentiel forestier doivent être dans une position où ils sont écoutés. Pour l’instant, les négociations ne sont pas encore au beau fixe comme nous le souhaitons », s’est-elle exprimée.
Notons que la RDC, l’Indonésie et le Brésil ont signé un accord pour protéger les forêts tropicales lors du sommet de G20. Représentant à eux seuls 52% de la forêt tropicale humide mondiale, les trois pays appellent les pays développés à financer la conservation de leurs forêts, essentielles pour la lutte contre le réchauffement climatique.
La Conférence sur le développement durable sert également de cadre de réflexion sur la mise en place d’une nouvelle architecture financière internationale pour contribuer plus efficacement à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD).
Un des moments forts de cette conférence sera la signature du Protocole d’Accord sur la Protection des Forêts, dans le cadre de l’Initiative des Forêts de l’Afrique Centrale (CAFI). Cette coalition de bailleurs de fonds et de six partenaires africains, dont la République Démocratique du Congo, vise à soutenir les investissements sur le terrain tout en offrant une plateforme de dialogue politique de haut niveau. En tant que géant forestier de la région subsaharienne, la RDC joue un rôle crucial dans la lutte contre la déforestation et la promotion d’un développement durable respectueux de l’environnement.