Un récent rapport du groupe d’experts des Nations unies lève le voile sur les secrets et le mode opératoire de la rébellion AFC/M23, qui contrôle actuellement les villes de Goma et Bukavu, dans l’est de la République démocratique du Congo.
Selon ce document, le mouvement rebelle ne serait pas isolé : il bénéficierait du soutien actif de certains États de la région, notamment le Rwanda et l’Ouganda. Le rapport mentionne également l’existence de tensions internes croissantes au sein du mouvement.
« Des tensions internes sont apparues au sein de l’AFC/M23, exacerbées par des nominations contestées et par l’annonce controversée du retour de l’ancien président Joseph Kabila dans l’est de la RDC. Ces tensions ont ravivé les divisions historiques entre les factions pro-rwandaises et pro-ougandaises. Pour restaurer la cohésion du mouvement et renforcer son ancrage populaire, le gouvernement rwandais aurait envisagé de nommer Laurent Nkunda pourtant visé par des sanctions internationales à un poste de responsabilité au sein de l’AFC/M23 », peut-on lire dans le rapport.
Pour mémoire, Joseph Kabila séjourne dans l’est du pays depuis près de deux mois. Lors d’un discours prononcé à Goma, il avait dénoncé les dérives de gouvernance du régime en place et présenté douze propositions pour sortir de la crise sécuritaire.
Outre les tensions internes, le rapport souligne que la progression rapide de l’AFC/M23 a profondément modifié le paysage politique et militaire congolais. Plusieurs militaires auraient rallié la rébellion. Des personnalités politiques telles que Joseph Kabila et Moïse Katumbi sont également citées pour avoir entretenu des contacts réguliers avec les rebelles ainsi qu’avec les autorités de Kigali et Kampala.
« L’engagement de l’AFC/M23 à unifier les groupes armés et les acteurs politiques s’est concrétisé. Dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, plusieurs groupes armés dont d’anciens membres des Wazalendo ont changé d’allégeance et rejoint les rangs de l’AFC/M23. Si des figures politiques et militaires de premier plan, à l’instar de Joseph Kabila, Moïse Katumbi ou encore John Numbi, ne se sont pas officiellement ralliées à la rébellion, le rapport indique qu’ils ont été en contact régulier avec Corneille Nangaa, Kigali et Kampala », conclut le document.
Lionel Kibuluku
