La Nouvelle Société Civile Congolaise (NSCC) a publié ce vendredi 4 juillet un communiqué dans lequel elle fait une analyse critique de l’accord de paix signé récemment à Washington entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, sous la médiation des États-Unis. Tout en saluant l’engagement affiché en faveur de la coopération bilatérale, la NSCC exprime de vives préoccupations quant à la sincérité, la légitimité et l’efficacité de cet accord, notamment en ce qui concerne la justice pour les victimes et le respect des droits humains.
Des points positifs mais insuffisants selon la NSCC
Dans son communiqué, la NSCC reconnaît plusieurs aspects jugés positifs dans l’accord, notamment :
- La volonté de coopération bilatérale en matière de sécurité à travers un mécanisme conjoint de coordination.
- La flexibilité de l’accord, qui permettrait des ajustements mutuels entre les parties.
- L’existence d’un cadre de suivi institutionnel, bien que celui-ci demeure encore flou dans sa définition.
Cependant, la NSCC met en lumière de nombreuses failles qui, selon elle, fragilisent l’accord et compromettent sa portée réelle :
Absence de justice transitionnelle : Le document ne prévoit ni poursuite judiciaire ni réparation pour les millions de victimes congolaises.
Exclusion des survivants et de la société civile : Les populations directement touchées n’ont pas été associées au processus de négociation ni à la mise en œuvre de l’accord.
Flou institutionnel : Les mécanismes de suivi, la composition des comités ou encore les garanties d’impartialité ne sont pas précisés.
Aucune sanction prévue : L’accord ne prévoit aucune mesure en cas de non-respect des engagements.
Pas de ratification parlementaire : L’absence de contrôle démocratique rend l’accord vulnérable à des contestations internes.
Face à ces constats, la NSCC formule une série de recommandations afin de renforcer la crédibilité et l’efficacité du processus de paix :
- Justice d’abord : Mise en place d’un Tribunal pénal international pour la RDC afin d’établir les responsabilités des crimes passés.
- Réparation pour les victimes : Création d’un fonds de compensation et de reconstruction financé par les États signataires et partenaires.
- Inclusion effective de la société civile et des communautés locales : Participation active des organisations congolaises et des représentants des survivants.
- Contrôle parlementaire et transparence : Soumission de l’accord à un débat public et à une ratification par l’Assemblée nationale.
- Surveillance internationale indépendante : Implication d’instances régionales et internationales dans le suivi et l’évaluation de l’accord.
La NSCC conclut son communiqué en affirmant qu’une paix durable ne peut être construite sur le déni, le silence des victimes et l’exclusion des forces vives du pays. Elle alerte sur le risque de perpétuation des conflits si les piliers de vérité, justice et réparation ne sont pas respectés.
« Pour la justice, la mémoire et la dignité, nous ne nous tairons pas », déclare l’organisation qui reste mobilisée avec ses partenaires pour une paix équitable et durable en RDC.
Lionel Kibuluku
