Au chapiteau de l’université de Kinshasa plein comme un oeuf , le ministre de la Communication et Médias porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a pris la parole le mercredi 23 juillet 2025 dans le cadre d’une conférence-débat très animée avec la crème universitaire sur le sujet qui défraie la chronique à savoir les tractations qui concernent la pacification de la partie Est de la République démocratique du Congo en proie à l’insécurité qui persiste depuis plus de trois décennies.
Le thème est aussi évocateur par rapport à la situation sécuritaire dans la partie orientale de la République démocratique du Congo.
« Au cœur du processus de pacification de la RDC : comprendre pour agir, l’appropriation du narratif congolais par la jeunesse pour la construction d’une paix durable » tel est le sujet du conférencier qui n’est autre le ministre de la communication et medias, porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya Katembwe.

Face à un auditoire composé de professeurs, de membres du corps académique et d’une foule d’étudiants, le ministre a insisté sur l’urgence de s’approprier le processus de pacification en République Démocratique du Congo, un pays meurtri par plus de trois décennies de conflits. Il a affirmé :
« Je voudrais aujourd’hui vous parler du processus de pacification de la RDC. Vous savez que nous connaissions un conflit depuis près de 31 ans. Il y a parmi vous des jeunes qui, depuis leur naissance, n’ont connu qu’un pays en guerre. Pour rappel, en 1994, à la demande de la communauté internationale, notre pays avait ouvert ses frontières pour accueillir les réfugiés rwandais. Nous nous souvenons tous du génocide rwandais, de triste mémoire, où des centaines de milliers de Rwandais furent massacrés. Malheureusement, la solidarité exprimée à l’époque par notre nation a été le point de départ des drames que nous vivons encore aujourd’hui » à dit Muyaya dans son Introduction.
Face à une jeunesse avide de changement, mais souvent désorientée par les récits contradictoires sur les causes et les dynamiques du conflit en RDC, le ministre Patrick Muyaya a tenu à remettre la jeunesse au centre du processus de pacification. Il a insisté sur la nécessité de comprendre les enjeux géopolitiques, économiques et historiques qui alimentent l’instabilité du pays, notamment dans les provinces de l’Est, théâtre de conflits armés depuis plus de deux décennies.
Il a rappelé à son auditoire les 5 dates clés pour comprendre le processus de restauration de la paix dans l’Est du pays, à savoir :
- 18 mars 2025 : Rencontre tripartite à Doha entre les Chefs d’État du Qatar, de la RDC et du Rwanda ;
- 23 avril 2025 : Déclaration conjointe RDC – AFC/M23 ;
- 25 avril 2025 : Déclaration de principes RDC – Rwanda à Washington ;
- 27 juin 2025 : Signature de l’Accord de paix RDC – Rwanda ;
- 19 juillet 2025 : Déclaration de principes RDC – AFC/M23.
« Il ne peut y avoir de paix durable si la jeunesse ne s’approprie pas l’histoire et ne participe pas à l’écriture du présent », a affirmé le ministre de la parole. Il a encouragé les jeunes à déconstruire les narratifs importés qui dépeignent le Congo uniquement à travers le prisme de la guerre, du chaos ou de la dépendance étrangère.
« Cette guerre n’est pas seulement dirigée contre le président Félix Tshisekedi. Elle vise la souveraineté même de la RDC. Elle doit être résolue une fois pour toutes, et cela commence par la conscientisation de notre jeunesse », a-t-il insisté.
L’appropriation du narratif congolais : un acte de souveraineté
Au cœur des échanges, une idée phare : l’urgence de promouvoir un narratif congolais endogène, positif, ancré dans la résilience, les réussites locales, la culture, et les aspirations des Congolais eux-mêmes. Patrick Muyaya a rappelé que le récit d’un peuple forge son identité collective, influence ses choix politiques et renforce son unité.
Des étudiants de l’UNIKIN ont exprimé leur frustration face à un sentiment d’exclusion dans les processus décisionnels et à la marginalisation de leurs voix dans les médias traditionnels. Le ministre a reconnu cette carence et a proposé la création de plateformes citoyennes et universitaires pour que la jeunesse puisse produire, diffuser et défendre son propre récit du Congo, en partenariat avec les médias publics et privés, mais également avec les membres du gouvernement par le canal de la radio Alma Mater émettant sur l’ensemble de l’université de Kinshasa « Colline inspirée ».
La rencontre a été marquée par un appel clair : « comprendre pour agir ». Le ministre a encouragé les étudiants à s’éduquer sur les enjeux régionaux, à déconstruire les fausses informations véhiculées par les réseaux sociaux, et à s’engager activement dans la consolidation de la paix. Il a salué les initiatives étudiantes en faveur du dialogue intercommunautaire, de la médiation sociale et du plaidoyer en faveur de la justice transitionnelle.
Pour plusieurs étudiants intervenants, la paix en RDC ne pourra pas se construire uniquement par des traités politiques ou l’intervention des forces étrangères, mais surtout par une jeunesse consciente, engagée et fière de son identité congolaise.
Le recteur de l’université de Kinshasa, pour sa part, s’est réjoui de cette initiative du ministre, saluant la pertinence du thème abordé et la pédagogie du message :
« Vous avez choisi de parler au cœur du processus de pacification. Et quel meilleur lieu qu’une université, où bat le cœur de la pensée nationale ? Quel meilleur interlocuteur que le “cardiologue de l’information” pour nous aider à décoder les vérités dissimulées, notamment autour des accords de Doha ou du positionnement américain dans la région ? Trop souvent, ces sujets sont discutés dans la sphère des réseaux sociaux, où chacun s’improvise expert sans maîtrise réelle ».
Et d’ajouter :
« Aujourd’hui, nous avons eu le privilège de nous abreuver à la source, celle du savoir étatique et diplomatique. Qui, mieux que Patrick Muyaya – après le Président de la République et la ministre des Affaires étrangères – connaît les tenants et les aboutissants de ces accords cruciaux pour la paix en RDC ? ».
En clôturant l’événement, Patrick Muyaya a évoqué la nécessité d’intégrer la jeunesse dans les stratégies de diplomatie populaire et culturelle.
« Nous avons besoin d’ambassadeurs de paix dans chaque université, chaque quartier, chaque village », a-t-il lancé, tout en invitant les étudiants à devenir des relais du message d’un Congo fort, uni et pacifié.
Cette rencontre entre le ministre de la Communication et les étudiants de l’UNIKIN incarne un tournant dans la vision de la pacification en RDC : une approche inclusive, basée sur l’éducation, la souveraineté narrative et l’action citoyenne. Plus qu’un simple échange, elle marque une prise de conscience collective : la paix durable ne viendra pas d’ailleurs, mais du Congo lui-même – par sa jeunesse, pour son avenir.
JMM
