
La publication, ce 31 octobre 2025, du message officiel de l’honorable Vital Kamerhe à la suite de la désignation du candidat de l’Union sacrée de la Nation au poste de Président de l’Assemblée nationale, ne doit rien au hasard. Si la lettre semble d’apparence sobre et institutionnelle, c’est précisément son silence sélectif notamment l’absence du nom d’Aimé Boji, pourtant candidat désigné qui donne toute sa portée politique au document.
Le silence comme instrument de communication politique
Dans la rhétorique politique, l’omission délibérée d’un nom ou d’un acteur clé peut être plus éloquente qu’une déclaration frontale. En ne mentionnant pas Aimé Boji, Vital Kamerhe choisit une posture de retenue stratégique. Il acte la décision sans s’y associer émotionnellement ni politiquement, évitant ainsi d’endosser personnellement un choix qui, manifestement, ne résulte pas d’un consensus au sein de son parti, l’UNC.
Ce silence est donc un message codé : il traduit une forme de distanciation institutionnelle respect de la hiérarchie de l’Union sacrée tout en marquant une réserve politique personnelle. Dans le contexte congolais, où la loyauté partisane et les signaux symboliques pèsent lourd, ce type de silence devient un langage en soi.
La maîtrise du timing et du ton : une communication de maturité
Le texte est mesuré, écrit dans un ton d’apaisement et d’unité nationale :
“Que Dieu bénisse la RDC et son peuple.”
“Resserrer les rangs autour des idéaux de paix et de reconstruction.”
Cette tonalité vise à préserver la cohésion interne et à éviter toute lecture de rupture frontale. Kamerhe reste dans la ligne institutionnelle de l’Union sacrée, mais il refuse d’apparaître comme simple suiveur. En communication politique, cette position traduit une maîtrise de l’équilibre entre loyauté et autonomie stratégique — une compétence rare chez les leaders d’alliances politiques.
La symbolique du positionnement : autorité morale versus chef de file
En rappelant qu’il est « Président national et Autorité morale de l’UNC », Kamerhe envoie un double signal :
D’abord, il réaffirme son statut de leader incontesté de son parti, au-dessus des contingences politiques du moment.
Ensuite, il préserve l’image d’une autorité d’arbitrage plutôt que d’un acteur partisan dans une bataille interne de postes.
Autrement dit, en se plaçant sur un plan institutionnel et moral, il renforce sa stature nationale, s’éloignant du profil du simple chef de regroupement politique.
Un message à plusieurs destinataires
La communication de Vital Kamerhe s’adresse à trois publics :
À la base de l’UNC, pour leur dire : “Je n’ai pas été marginalisé, je garde le contrôle.”
À l’Union sacrée, pour signifier : “Je respecte la décision, mais je garde mon indépendance d’esprit.”
À l’opinion publique, pour rappeler son rôle d’homme d’État, modéré, tourné vers la paix et la reconstruction.
C’est une manœuvre d’équilibre qui lui permet de rester au centre du jeu sans provoquer de fracture.
Enjeux et perspectives
Politiquement, ce silence calculé prépare l’avenir. En évitant de se prononcer personnellement sur Aimé Boji, Kamerhe garde une marge de manœuvre stratégique :
Si Boji réussit, il pourra se réclamer du cadre institutionnel.
Si Boji échoue ou divise, Kamerhe aura évité toute compromission directe.
C’est une communication de prudence, typique des leaders expérimentés conscients que la parole engage, mais que le silence protège.
Le mot non-dit comme art du leadership
Le message du président de l’UNC illustre une leçon de communication politique : parfois, la véritable puissance du discours réside dans ce qu’il tait. En ne mentionnant pas Aimé Boji, Vital Kamerhe a parlé mais autrement. Il a choisi le langage de la symbolique, de la retenue et de la maîtrise. Dans un contexte où chaque mot est scruté, ce silence raisonné vaut position.



